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Tantely Andrianantoandro (Unité Mixte Internationale Résiliences, IRD-Université Catholique de Madagascar)

Publié le 18 novembre 2019 Mis à jour le 21 novembre 2019
Date
Le 21 novembre 2019 De 12:00 à 13:30
Lieu :Pôle Tertiaire - Site La Rotonde - 26 avenue Léon Blum - 63000 Clermont-Ferrand
Lieu(x)
Pôle Tertiaire - Site La Rotonde - 26 avenue Léon Blum - 63000 Clermont-Ferrand
Room 210

Déterminants de l’utilisation des services de santé maternelle dans la région de Vakinakaratra des Hautes-Terres centrales malgaches1

Résumé

A Madagascar, la santé maternelle et infantile reste un enjeu de santé publique majeur. En effet, le taux de mortalité maternelle y demeure élevé avec 478 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2012 (Enquêtes, suivi des OMD, 2012). Si les facteurs structurels expliquant ces situations sont documentés (éloignement des centres de santé, insuffisance du nombre de professionnels de santé, etc), les interactions des facteurs socio-économiques, psycho-sociaux, culturels et épidémiologiques des clients dans l’utilisation des services de santé maternelle restent à explorer. Notre étude, menée dans la région Vakinankaratra sur les Hautes Terres centrales a porté sur 245 femmes enceintes et avait pour objectif d’étudier les déterminants du recours à la consultation prénatale et à l’accouchement assisté par un personnel médical qualifié en mobilisant ces différentes disciplines. Nous recourons à une analyse logistique multinomiale et binaire complétée par des entrevues qualitatives descriptives et analytiques. Le recours à au moins une CPN est de 83,7% tandis que 69,9 % ont accouché en présence de personnel de soins de santé qualifié. Il n’y a pas de différence de pratique entre milieu rural et urbain (p<0,05). La distance entre le milieu de résidence et le centre de santé ainsi que le nombre de grossesse (à partir de 4) sont statistiquement associés à la pratique de CPN (coef respectivement de -1,38 et de 4,18). En ce qui concerne l’accouchement en présence de personnel de santé qualifié, une femme scolarisée a plus de chance de réaliser un accouchement assisté (OR=6,57). Tandis qu’une femme ayant eu plus de 4 grossesse a moins de chance de réaliser un accouchement assisté (OR=0,17). L’étude met en évidence un recours simultané au système biomédical et au système traditionnel ancré dans les pratiques des femmes. Les entrevues ont soulevé les perceptions individuelles et sociétales comme déterminants majeurs dans ces types de recours.  Ainsi, les variables socio-économiques ont peu d’influence sur le recours aux soins face à la perception des clients dans cette région. Le système de santé devrait envisager d’exploiter le bénéfice potentiel d’une bonne coordination entre acteurs de santé biomédicaux et traditionnels. Les stratégies de promotion de la santé de la mère doivent donc non seulement viser à casser les barrières à l’accès aux soins de santé de qualité mais également se baser sur des réflexions et actions intégrées des différentes parties prenantes incluant les autres ministères ainsi que différentes ONG et partenaires en santé concernés dans la lutte afin de déterminer les meilleures lignes à suivre adaptées au contexte spécifique du pays et des régions.

1 Cette étude a été financée par l’Institut de Recherche pour le Développement dans le cadre du programme JEAI « Jeunes équipes associés- IRD (2016-2019) et l’UNICEF.