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Soutenance de thèse d'Oulimata Ndiaye

Publié le 13 mars 2023 Mis à jour le 21 mars 2023
Date
Le 17 mars 2023 De 15:30 à 18:00
Lieu(x)
Pôle Tertiaire - Site La Rotonde - 26 avenue Léon Blum - 63000 Clermont-Ferrand
Salle Pascal - 313

Inégalités de genre et intégration des femmes sur le marché du travail en Afrique

Inégalités de genre et intégration des femmes sur le marché du travail en Afrique

Jury

Directeurs de thèse 

Patrick Plane, Directeur de recherche au CNRS-CERDI
Théophile Azomahou, Professeur, Directeur de formation, African Economic Research Consortium
Bity Diène, Maître de conférences

Rapporteurs 

Rémi Bazillier, Professeur à Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Abou Kane, Professeur, Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Suffragante 

Martine Audibert, Directrice de recherche émérite au CNRS-CERDI

Résumé

Cette thèse est composée de trois essais empiriques sur les différences de genre en termes de préférence politique, de rendements de l’éducation et de revenus sur le marché du travail.

Le premier chapitre présente de nouvelles preuves sur la façon dont les normes et les traditions peuvent affecter les préférences des femmes en matière de demande en bien public en Afrique. À l'aide des données d'Afrobaromètre pour 36 pays africains, ce chapitre vise à déterminer si les préférences des hommes et des femmes diffèrent et, le cas échéant, à explorer la source des différences observées entre les sexes. Les résultats montrent que les normes traditionnelles de genre jouent un rôle important dans l'explication des différences de préférences en biens publics entre les hommes et les femmes. Les femmes africaines manifestent systématiquement une préférence pour une augmentation des dépenses publiques sociales (éducation, santé) et demande moins d'investissement dans les infrastructures, quel que soit leur niveau d'autonomisation ou les normes sur le rôle des hommes et des femmes en vigueur dans la société. Les résultats montrent également que les femmes réclament moins d’investissements en agriculture comparées aux hommes. Cependant, dans les pays où les normes de genre sont moins favorables aux femmes, ces dernières ont des préférences plus élevées pour les dépenses agricoles.

Le second chapitre de la thèse contribue au débat en cours sur les avantages relatifs de l'Enseignement et formation technique et professionnel (EFTP) et de l'enseignement général, en mettant l'accent sur les différences entre les sexes. Les hommes et les femmes sont susceptibles de choisir des domaines d'EFTP différents avec des rendements différents sur le marché du travail. En outre, les rares éléments de preuve sur les déterminants de la participation à l'EFTP dans les pays en développement dans la littérature ont fourni des conclusions ambiguës sur les rendements de l'EFTP. Dans les pays développés comme dans les pays en développement, la recherche a eu tendance à ignorer des questions telles que qui s'inscrit dans les programmes d'EFTP et si les réformes atteignent les groupes cibles qu'elles sont censées servir. Compte tenu des extensions actuellement envisagées pour l'EFTP au Sénégal, certaines questions critiques doivent être soulevées. Quels facteurs motivent la participation à l'EFTP ? Les déterminants de la participation à l'EFTP sont-ils différents pour les hommes et les femmes ? Quels sont les rendements économiques de l'EFTP pour les hommes et les femmes ? A notre connaissance, aucune recherche publiée au Sénégal n'aborde ces questions. Pour combler cette lacune, nous utilisons les données de la dernière enquête nationale sur l'emploi au Sénégal (ENES-2015) pour examiner les choix en fonction du genre et les rendements de l'EFTP. Ce chapitre montre que l'EFTP augmente les chances des femmes de trouver un emploi mais n'améliore pas leurs résultats sur le marché du travail. Pour les hommes, avoir un diplôme d'EFTP est associé à des salaires plus élevés et à une plus grande probabilité d'obtenir un contrat à durée indéterminée et de travailler dans le secteur formel.

Le troisième et dernier chapitre de cette thèse étudie l'écart salarial entre les hommes et les femmes au Sénégal et l'interconnexion de la ségrégation entre les secteurs et les professions dans la formation de cet écart. Peu d'études en Afrique se sont intéressées à cette question, probablement en raison du manque de données. Ce chapitre aboutit à cinq principaux résultats qui pourraient contribuer aux réflexions pour mieux comprendre l'intégration des femmes sur le marché du travail au Sénégal, et plus généralement en Afrique : i) les écarts de salaire femme-homme sont élevés, les hommes gagnent en moyenne 62% de plus que les femmes, mais seule une faible part de cet écart s’explique par les caractéristiques des travailleurs. ii) la ségrégation entre les sexes au sein des secteurs est élevée et plus importante que la ségrégation au sein des professions ; les femmes étant surreprésentées dans les secteurs les moins rémunérateurs. iii) les écarts de salaire entre les sexes sont plus élevés pour les travailleurs indépendants, et plus faibles pour les travailleurs salariés et qualifiés. iv) le temps de travail est le facteur qui contribue le plus à expliquer l'écart salarial entre les sexes. v) avoir des enfants est un facteur influent qui contribue à accroître l'écart salarial entre les sexes.

Cette analyse empirique est complétée par une analyse qualitative permettant d’approfondir les mécanismes à l’origine des différences de salaire. Les résultats issus d’entretiens individuels auprès de 45 femmes réparties dans plusieurs localités du Sénégal confirment certains résultats de l'analyse empirique. Le désir des femmes d'avoir des horaires de travail flexibles, le fardeau de la parentalité et d'autres tâches domestiques sont des facteurs clés expliquant l'écart salarial entre les sexes.