Arnaud Diemer, Maître de conférences, Université Clermont Auvergne, Directeur de thèse.
Pascale Combes-Motel, Professeure, Université Clermont Auvergne, Présidente du jury.
Sylvie Ferrari, Professeure, Université de Bordeaux, Bordeaux School of Economics (BSE), Rapporteure.
Alain Grandjean, président, The other economy, Suffragant.
Emmanuel Raufflet, Professeur, Département de management, HEC Montréal, Rapporteur.
Résumé
Le système énergétique mondial est marqué par de multiples tensions en lien avec la sécurité des approvisionnements, les conflits géopolitiques et les défis climatiques. Engagés dans la transition énergétique, les différents États ont dû concevoir des feuilles de route dont l’objectif principal est la neutralité carbone. Si la réduction des émissions de gaz à effet de serre constitue le fil rouge des scénarios prospectifs, elle n’est pas déclinée de la même manière dans le plan d’actions des Etats et celui des acteurs privés, en l'occurrence, les compagnies pétrolières et gazières, qui sont responsables de plus de la moitié des émissions mondiales de GES. La thèse interroge l’avenir de la transition énergétique et l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Elle se propose de mettre en lumière les complexités du système énergétique mondial en mobilisant les travaux relatifs aux scénarios, à la prospective et à la modélisation systémique incarnée par la dynamique des systèmes. Notre recherche s’est structurée autour de trois axes de travail. Le premier axe propose une lecture de la littérature sur les scénarios. Quatre approches (Scenario planning, Prospective, Three horizons, Narrative Shared Socioeconomic Pathways) sont présentées et analysées en spécifiant les trajectoires futures possibles, les éventuelles ruptures de tendance et les enjeux d’un changement du paradigme. Le deuxième axe précise la place des scénarios prospectifs dans les politiques et les feuilles de route nationales. En s’appuyant sur le cas français, nous avons mis en lumière les scénarios proposés par quatre institutions nationales (ADEME, RTE, Négawatt et The Shift Project) en nous appuyant sur les diagrammes de boucles causales (CLD) proposés par la dynamique des systèmes. Les résultats de cette méthode de modélisation contrastent avec les approches dites sectorielles (énergie, logement, mobilité…) largement utilisées dans les rapports de ces institutions. Enfin, dans un troisième et dernier axe, nous avons analysé les feuilles de route nationales de quatre pays (Algérie, États-Unis, France, Royaume-Uni) au regard des stratégies de six compagnies pétrolières et gazières (BP, Chevron, ExxonMobil, Shell, Sonatrach et Total Energies). Cette démarche qui se veut avant tout systémique et prospectiviste tend à souligner que la neutralité carbone est largement subordonnée aux choix stratégiques des compagnies pétrolières et gazières. Si leurs investissements dans les énergies renouvelables sont encore modérés, ils s’insèrent dans une gestion de portefeuille dans laquelle le mix énergétique (et donc les investissements dans les énergies fossiles) et la valeur actionnariale sont encore bien présents.
Mots-clés
Dynamique des systèmes, feuille de route, neutralité carbone, scénarios, transition énergétique.