Migration et nutrition des individus laissés-derrière: le cas du Ghana

Publié le 13 décembre 2024 Mis à jour le 17 décembre 2024
Date(s)

le 13 décembre 2024

Zoom sur la recherche : Adrien Gosselin-Pali, doctorant en économie du développement à l’Université Clermont Auvergne (CERDI), a mené une étude sur un sujet peu exploré : les effets de la migration interne sur les membres des ménages restés sur place, souvent appelés les "laissés derrière".

Adrien Gosselin-Pali
Doctorant en économie du développement
CERDI-UCA-CNRS-IRD


Migration interne et nutrition des "laissés derrière"

S’appuyant sur des données collectées au Ghana entre 2013/2014 et 2017/2018, cette étude analyse l’impact de la migration interne, qui représente environ 95 % des déplacements dans le pays, sur la santé nutritionnelle des adultes et des enfants restés dans les ménages d’origine. 

Les résultats montrent que :

  • Les adultes subissent une légère perte de poids (environ 1 kg sur quatre ans).
  • Les enfants voient leur état nutritionnel se détériorer de manière significative, comme le révèle leur indice de masse corporelle (IMC) pour l’âge.
Les transferts financiers : un effet contrasté

L’étude examine également l'impact des transferts financiers envoyés par les migrants. Bien que ces transferts puissent avoir des effets positifs à long terme, ils n’apportent pas de bénéfices immédiats sur la nutrition des ménages restés derrière. Ces résultats s’expliquent par un effet perturbateur :

  • La migration engendre des coûts initiaux importants et une perte de revenus immédiate pour le ménage, car le migrant était souvent une source de revenus clé.
  • À court terme, ces contraintes financières se traduisent par une dégradation de la nutrition des membres restants, notamment les enfants.

Toutefois, lorsque les transferts financiers s’installent dans la durée, des effets positifs sont observés, notamment sur la nutrition des enfants, soulignant l’importance des dynamiques temporelles.

Une portée au-delà du Ghana

Bien que l’étude soit centrée sur le Ghana, ses conclusions pourraient s’appliquer à d’autres pays d’Afrique subsaharienne, où la migration interne joue un rôle majeur. Ce travail met en lumière l’importance de considérer non seulement les migrants, mais aussi les impacts sur ceux qui restent dans les foyers, afin de mieux comprendre les dynamiques de la migration et ses effets à long terme.

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