Longueur des crises et développement financier

Publié le 15 juillet 2021 Mis à jour le 15 juillet 2021
Date(s)

le 15 juillet 2021

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Longueur des crises et développement financier


Une littérature abondante analyse l'influence du développement financier sur les coûts en termes de sortie de crises. Notre contribution emprunte un chemin quelque peu différent, en examinant l'impact du développement financier sur la longueur des crises bancaires. En utilisant une base de données couvrant plusieurs décennies, nos estimations montrent qu'en moyenne la durée des crises est statistiquement plus longue dans les pays ayant un développement financier plus élevé. Confirmé par divers tests de robustesse, ce résultat présente diverses hétérogénéités liées, entre autres, à la période étudiée ou au niveau de développement économique des pays.


Une abondante littérature analyse les bénéfices et les risques du développement financier.

D'une part, en mobilisant mieux les fonds pour l'investissement, en gérant les risques et en favorisant une allocation efficace des ressources, le développement financier peut avoir des effets positifs sur l'économie, tels que la promotion de la formation de capital, la croissance de la productivité et une croissance économique plus élevée et plus stable. Cela peut accroître la résilience d'une économie aux chocs défavorables et permettre une reprise plus rapide après les récessions.

D'un autre côté, une large expansion des systèmes financiers peut affaiblir leur capacité à gérer les asymétries d'information, à réduire les risques et à allouer les fonds de manière efficace. Cela peut accroître la fragilité du secteur bancaire et son exposition aux crises déclenchées par exemple par une plus grande prise de risque des banques pendant la phase ascendante du cycle financier, une procyclicité plus forte des activités financières en raison de l'interaction entre l'offre de crédit et les prix des actifs, et une sensibilité accrue des banques au risque de liquidité. Dans cette perspective, un développement financier plus élevée peut augmenter la sensibilité des économies aux chocs et amplifier les conséquences des crises.

Les analyses empiriques dédiées explicitement au rôle du développement financier sur la longueur des crises bancaires sont rares. Nous analysons un tel effet dans un large échantillon couvrant presque cent crises observées sur une période de presque quatre décennies.

Nos résultats sont les suivants. Premièrement, nous montrons que le développement financier est significativement et positivement associé à la durée des crises. Selon la mesure de la longueur des crises, les estimations suggèrent que le passage du quintile de développement financier le plus bas au plus élevé augmente la longueur des crises d’une durée estimée entre quatre et six ans.

Deuxièmement, ce résultat est robuste lors de l'utilisation d'un large éventail de spécifications alternatives.
Troisièmement, des estimations supplémentaires mettent en évidence des hétérogénéités dans l'effet du développement financier sur la durée des crises bancaires, liées, entre autres, à la période étudiée ou au niveau de développement économique des pays.