Muhammad Adil, doctorant spécialiste des politiques publiques

Publié le 9 mars 2021 Mis à jour le 16 mars 2021
Agriculture land near a road side near Lahore, Punjab, Pakistan © Zulqarnain Photoqraphy
Agriculture land near a road side near Lahore, Punjab, Pakistan © Zulqarnain Photoqraphy
Date(s)

le 12 mars 2021

PHDOCTALK. Adil prépare une thèse sur la décentralisation et la qualité des services publics. Son terrain de recherche, l'Asie.

Son parcours

Muhammad Adil a déjà une riche carrière professionnelle dans les institutions internationales et au sein du ministère du Plan et du Développement du Balochistan, une province pakistanaise. Il travaille comme fonctionnaire au sein du ministère où il développe et met en œuvre des politiques de lutte contre la pauvreté. De par son expérience professionnelle au sein d'organisations non gouvernementales (ONG), il a une parfaite connaissance des questions de développement économique issue du terrain.

Comment améliorer le niveau de vie des populations ? Quelles politiques appliquer ? Comment rendre les services publics plus efficaces ? Et comment réduire les inégalités dans la distribution de ces services. Ces interrogations l'ont amené à reprendre une formation et à se tourner vers la recherche pour découvrir les travaux les plus récents sur la réduction de la pauvreté, et y contribuer. Il saisit l’opportunité offerte par le gouvernement pakistanais de se former à l'étranger. Sélectionné, il décide de rejoindre l'Université Clermont Auvergne qui est reconnue à l'international pour les formations de l'Ecole d'Economie et la recherche en économie du développement menée au Cerdi.

Déjà diplômé d'un master en économie de l'université de Balochistan, il choisit le parcours anglophone Development Economics du master économie du développement de l'Ecole d'Economie avec le projet de poursuivre en thèse.

Sa thèse


En thèse, sous la direction de Florent Bresson et Grégoire Rota-Graziosi, il approfondit différents aspects des politiques économiques de décentralisation.

Tout d'abord, il se concentre sur l'étude de l'efficacité des services publics en analysant l'efficience des politiques de décentralisation pakistanaises. La question centrale est de savoir si l'augmentation des dépenses par les provinces a permis un meilleur accès aux services publics. Il mène une analyse critique, non seulement quantitative mais aussi qualitative, de la politique de redistribution des ressources. Est-ce que la décentralisation a bien fonctionné et a eu des effets positifs sur les services rendus pour répondre aux besoins essentiels de la population : accès à la santé, éducation, eau, assainissement ? Ont-ils réussi à réduire les inégalités ? Adil explore les pistes d’amélioration des politiques publiques au niveau local.

Dans son deuxième papier, il mène une analyse comparative des politiques de décentralisation pour près de 20 pays asiatiques. L'objectif est de vérifier si les services publics délivrés pas les collectivités locales de ces pays ont eu un effet sur le développement économique et le bien-être des populations. Ces pays ont décentralisé leurs administrations notamment leurs services fiscaux pour améliorer les services publics rendus en étant au plus près des populations. Ce article tente de vérifier si ces politiques ont réduit les inégalités de revenu entre les régions et ont permis une meilleure distribution des services.

Dans le troisième papier, il choisit une approche historique des politiques d'éducation et de santé. Il analyse les politiques menées au Pendjab sous domination britannique du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Dans un premier temps, son analyse porte sur la période de 1881 à 1931. Inspiré par les travaux de Daron Acemoglu et Abhijit V. Banerjee, il a pour ambition d'évaluer la capacité des États en analysant leurs politiques économiques sur un demi-siècle. Dans un second temps, il évalue les impacts de la colonisation sur la situation économique récente de cette région. Comme Dave Donaldson, il inclut également le développement des infrastructures de transport dans son analyse.

Durant la période coloniale, le Penjab tirait ses revenus des impôts sur les terrains agricoles et finançait ainsi ses politiques publiques. Les premiers résultats montrent que les politiques menées grâce à ces ressources n'ont pas abouti à une amélioration à court terme de l'accès à la santé et à l'éducation. En effet, le but principal des politiques de développement était d’accroître les revenus de l’État colonisateur, et non de les distribuer localement. Cependant, Adil observe que les résultats sont quasi-positifs sur l’ensemble de la période.

Et ensuite

Après la thèse, il rejoindra le ministère de la Planification et du Développement du Balochistan où il était en poste précédemment et où il planifiera des politiques de la réduction de la pauvreté. Il a attrapé le virus de la recherche et compte continuer à enseigner à l’université tout en menant ses travaux de recherche.

Son objectif : partager les résultats de ses recherches avec les décideurs politiques et les convaincre de mettre en place des politiques plus efficientes grâce aux travaux menés pendant sa thèse au CERDI.

Ses choix musicaux

Parda dari d'Abida Parveen.
Sign of the times, Harry Styles.

http://theses.fr/s189420