Abdoul-Akim Wandaogo, doctorant en sciences économiques

Publié le 4 mai 2022 Mis à jour le 11 mai 2023
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le 4 mai 2022

PHDDOCTALK. Intéressé par les problématiques économiques des pays en développement, Abdoul-Akim étudie l'impact des technologies de l'information sur leurs économies.

La parole est donnée à Abdoul-Akim Wandaogo, étudiant burkinabé en dernière année de doctorat en science économique qui finalise sa thèse sur l’impact de la digitalisation sur les performances économiques des pays en développement. Passionné mais aussi grand voyageur, ce dernier vient nous partager en quelques minutes son parcours et ses ambitions pour le futur dans le domaine de la recherche.

Parle-nous de ta thèse 

Je travaille sous la direction de Jean-François Brun (Cerdi-UCA-CNRS) et d’Omer S. Combary (Université Ouaga II). Mon sujet : TIC et performances économiques des pays en développement.

J’étudie comment la digitalisation de l’économie améliore les performances économiques des pays en développement. Je cherche à savoir comment les États peuvent augmenter leurs recettes fiscales, mais aussi mieux gérer leur ressources et leurs économies. L’idée, c’est “Collect more, spend better”. Ce n’est pas juste “taxer plus” : c’est aussi rendre les services publics plus efficients, faciliter les interactions entre les individus et entre les citoyens et l’État. Pour cela, il faut développer l’usage des technologies de l’information (TIC) comme je le montre dans ma thèse.

Ma thèse compte trois parties de deux chapitres chacune. Dans la première partie, j'analyse la contribution des TICs dans l’amélioration de la collecte des recettes fiscales dans les pays en développement. En effet, elles facilitent le contrôle de la corruption, la conformité fiscale, mais aussi le travail des administrations fiscales en les rendant plus efficaces, et en simplifiant la collecte des impôts. J’ai collaboré avec Gérard Chambas (Senior Fellow Ferdi) et Jules Tapsoba, ancien conseiller spécial du 1er Ministre du Burkina. Il est actuellement Assistant technique à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Dans la deuxième partie, je montre que l’adoption et l’utilisation des TIC rendent les économies plus efficientes et efficaces. J’observe cela à travers l’offre de biens publics, la qualité de la gouvernance et la bonne gestion des dépenses sociales.

Dans la troisième partie de cette thèse, j’observe les répercussions de la digitalisation sur le commerce international. Avec Fayçal Sawadogo, nous montrons comment le développement du paiement par mobile (mobile money) stimule non seulement, le commerce intra-africain, (cet article a été publié récemment dans Economics Letters) mais plus largement, le commerce Sud-Sud (entre pays en développement). Nous avons également travaillé ensemble sur les questions de gouvernance (privatisation des entreprises étatiques et productivité, régime politique et fiscalité) et de fiscalité (mobile money et mobilisation de recettes publiques).

J'ai participé au programme Visiting PhD Fellowship des Nations Unies à UNU-WIDER fin 2021. C’était une super opportunité. J’ai travaillé sur les questions de digitalisation dans les pays en développement et l’amélioration de recettes fiscales avec des chercheurs d’autres pays. C’est très intéressant pour moi d’échanger avec d’autres spécialistes alors que je suis en train de peaufiner ma thèse. J’ai eu la chance de collaborer notamment avec Jesse Lastunen avec qui j’ai écrit un papier Does the adoption of peer-to-government mobile payments improve tax revenue mobilization in developing countries?

Pourquoi avoir choisi de faire ta thèse au Cerdi ? 

Très tôt, j’ai décidé de faire une thèse, j’y pensais déjà au lycée. J’ai d’abord obtenu une licence en macroéconomie et gestion du développement de l’Université Nazi Boni. Ensuite, je suis parti au Sénégal où j’ai préparé une maîtrise en Finances et banque à l’université Cheikh Anta Diop.

J’ai ensuite choisi de poursuivre mes études en France. J’ai posé ma candidature pour le master en Finances publiques de l’École d’Économie de l’Université Clermont Auvergne. Ensuite, je suis entré en doctorat au Cerdi.

J’ai choisi de poursuivre mes études dans un pays francophone parce qu’il me semblait plus facile de m’intégrer. Et aussi, il ne faut pas oublier que quand on parle formation et recherche en économie du développement en France, la référence c’est le Cerdi ! D’ailleurs, quand tu regardes ce que font les anciens du Cerdi en termes de publications et de postes occupés dans les institutions et organismes de développement international, tu ne peux que les admirer. Ce sont des modèles à suivre pour moi.

Quel est la journée type d’un doctorant ?

C’est venir au bureau, travailler sur ses recherches (seul, avec ses co-auteurs ou directeur), enseigner et aussi bavarder un peu avec des collègues. Normalement, on vient au bureau pour travailler mais des fois, on se laisse aller à discuter. J’ai la chance de partager mon bureau avec des doctorants avec qui je m’entends très bien, des passionnés de cuisine et de jeux vidéos comme moi ! Attention, on parle mais on travaille aussi. D’ailleurs, Fayçal Sawadogo et Hamid Silué avec qui j’écris des papiers, sont mes compagnons de tous les jours et voisins de bureau. D’ailleurs, on travaille même en dehors des horaires de bureau.

Et après ?

Je viens d’une famille d’enseignants, c’est peut-être dans mes gènes. J’ai eu l’occasion d’enseigner en BTS mais aussi en licence et en master, et je suis actuellement ATER à l’École d’Économie. C’est un vrai plaisir de partager ce que l’on a appris.

Les universités des pays en développement manquent d’enseignants-chercheurs, j’aimerais, en plus de mes activité de chercheur, enseigner dans une université publique dans un pays en développement

Ton choix musical

J’ai choisi une chanson d’Awa Boussim, Hme Ye. C’est une chanteuse burkinabè qui est originaire de ma région, Garango. Elle parle beaucoup de la vie des femmes, et des difficultés qu’elles peuvent rencontrer. J’ai choisi cette artiste et ce titre parce qu’en plus de dénoncer la condition des femmes, c’est une chanson très populaire qui donne envie de s’amuser.