Publié le 17 octobre 2025 Mis à jour le 30 octobre 2025

Habibou Ibrahim Kassoum est de retour à Clermont après un long séjour à Washington. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions.

Pourquoi es-tu parti à Washington ?  

Je suis d'abord allé aux États-Unis pour rejoindre l'Africa Gender Innovation Lab (GIL), un département de recherche de la Banque mondiale pour un séjour de recherche. Le GIL mène des évaluations d'impact des politiques de développement avec pour objectif de créer du savoir sur la manière de combler les inégalités entre les hommes et les femmes en matière de revenus, de productivité et de création d'emploi. J'ai participé à l'évaluation de l'impact d'un programme de transfert monétaire destiné aux femmes sur les violences conjugales en Mauritanie. Ce travail fera partie d'un des chapitres de ma thèse de doctorat. 

Que s’est-il passé ensuite ?  

Avant mon voyage, j'avais postulé au programme de stages de la Banque. J’ai appris que j’étais sélectionné alors que je travaillais déjà au département GIL.  

J’ai rejoint l’équipe Eastern and Southern Africa region (AFE/EAEPV) qui est chargée des questions de pauvreté et d'équité en Afrique de l’Est et du Sud. Mon travail était supervisé Lina Cardona Rosa, économiste senior experte de la pauvreté au Malawi.  Nous avons travaillé ensemble sur l’application du système d’évaluation “Commitment to Equity”, et nous avons analysé comment les impôts et les dépenses publiques affectent les pauvres et les riches au Malawi. J’ai aussi contribué au développement d’une application web permettant aux décideurs politiques de simuler l'effet de différentes politiques fiscales et de dépenses sur le bien-être économique des ménages.

Actuellement, je finalise la mise à jour du seuil de pauvreté du pays à partir des données de la dernière enquête menée par l’Institut National de la Statistique (INS) auprès des ménages malawites en 2024-2025. Ce travail a pour but de fournir aux décideurs les données les plus récentes sur la pauvreté. Ce qui leur permettra d'élaborer des politiques équitables en matière fiscale, de protection sociale et de création d'emplois. 

Est-ce que tu es allé au Malawi pendant ton stage de recherche ?  

Oui, j’ai séjourné à Blantyre, une ville située au sud du pays au mois d’août. Mon rôle consistait à apporter une assistance technique et former des personnels de l’Institut National de la Statistique (INS).  J'ai animé conjointement un atelier d'une semaine avec des collègues de la Banque Mondiale, afin de former le personnel de l’INS à la gestion des données. L'objectif de cette mission était de renforcer la capacité du pays à analyser les données d'enquêtes auprès des ménages et de fournir à l'INS les outils nécessaires pour évaluer les impacts des politiques fiscales sur la distribution des richesses. Ceci garantissait la pérennité et l'appropriation locale des méthodes et des procédures mises en œuvre. 

Que retiens-tu de cette expérience ?  

Cette expérience m'a permis de consolider mes compétences techniques en analyse de la pauvreté, des inégalités et de la redistribution. En collaboration étroite avec l'équipe du Malawi, j'ai surtout appris à transformer des données complexes en recommandations politiques concrètes qui soutiennent une prise de décision éclairée et maximisent l'impact. Enfin, former les fonctionnaires et déployer des outils analytiques m'a enseigné l'importance de transférer les connaissances et de bâtir une expertise durable au niveau local. 

Que vas-tu faire maintenant ?  

La prochaine étape consiste à terminer mon doctorat pour renforcer ma base analytique. Ensuite, je souhaite poursuivre le travail mené au Malawi d’exploitation des données et des outils d’analyse pour appuyer des politiques de réduction de la pauvreté fondées sur des faits. Cela permettra aux gouvernements et aux décideurs de faire des choix informés. 

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