Soutenance de thèse de Constantin Compaoré

Trois essais sur l'inégalité dans l'éducation

Composition du jury

Directeur de thèse

Brun Jean-François, Maître de conférences-HDR, Université Clermont Auvergne

Rapporteurs

Morrissey Oliver, Professeur, Université de Nottingham
Vollmer Sebastian, Professeur, Université de Göttingen

Suffragante

Audibert Martine, Directrice de recherche émérite, CNRS- Université Clermont Auvergne

Résumé

Malgré une réduction sans précédent des inégalités d’éducation ces 50 dernières années, elles restent très élevées dans certaines zones géographiques. Pourtant une distribution inégalitaire de l’éducation est néfaste au bien-être économique et social. La réduction des inégalités d’éducation devrait donc être un objectif des gouvernements et de la communauté internationale.

Tenant compte de l’état des inégalités d’éducation dans certaines régions du monde et de leur impact négatif considérable sur le plan économique et social, cette thèse propose trois études liées aux inégalités d’éducation. Nous analysons les canaux de transmission des inégalités d’éducation aux inégalités de revenu. Nous examinons l’impact de la démocratie sur les inégalités d’éducation. Nous évaluons également l’efficacité des dépenses publiques d’éducation notamment en termes de réduction des disparités d’éducation dans les pays en développement.

Le premier essai est une revue de la littérature théorique et empirique de l’impact des inégalités d’éducation sur les inégalités de revenu. A travers cette revue, nous avons identifié l’économie politique, le marché du travail, l’imperfection du marché du crédit, la fertilité et l’espérance de vie comme les principaux canaux de transmission des inégalités d’éducation aux inégalités de revenu. La revue de la littérature empirique a conclu à l’absence de consensus sur l’effet de l’inégalité d’éducation sur l’inégalité de revenu. Les changements technologiques axé sur les compétences, la mondialisation, l’accroissement des rendements d’éducation sont des facteurs qui pourraient affecter l’effet de la réduction des inégalités d’éducation et contribuer à l’accroissement des inégalités de revenu.

Le second essai étudie empiriquement l’impact de la démocratie sur les inégalités d’éducation. Il puise ses fondements théoriques dans « la théorie de l’électeur médian » et les analyses d’Amartya Sen. Ces théories ont mis en évidence le rôle redistributif de la démocratie. Les fondements théoriques de ce chapitre s’appuient également sur le rôle de la compétition politique dans l’efficacité des réponses gouvernementales aux demandes des électeurs. L’analyse empirique repose sur l’économétrie des données de panel particulièrement sur l’utilisation des estimateurs à effets fixes et à variables instrumentales. Nous étudions également l’impact de la démocratie sur les composantes des inégalités d’éducation. Les résultats suggèrent que la démocratie réduit les inégalités d’éducation. Cet effet s’explique par l’impact de la démocratie sur l’accès à l’éducation au plus grand nombre. La démocratie réduit davantage les inégalités d’éducation dans les pays à faible revenu et dans les pays les moins avancés (PMA). Les résultats sont robustes aux autres indicateurs de démocratie.

Le dernier essai évalue l’efficacité des dépenses publiques d’éducation en termes de réduction des inégalités d’éducation dans les pays en développement sur la période 1980-2010. A cette fin, nous utilisons la méthode non paramétrique des frontières partielles pour calculer les scores d’efficacité des dépenses publiques d’éducation. Nous analysons également les déterminants de l’efficacité des dépenses publiques en utilisant les modèles exponentiels des régressions fractionnelles. Nos résultats montrent qu’en moyenne, les pays en développement pourraient réduire les disparités d’éducation de 30% en conservant le même niveau de dépense d’éducation. Nous observons également une amélioration de l’efficacité des dépenses publiques d’éducation dans le but de minimiser les inégalités d’éducation (orientation output) sur la période étudiée. Cependant, l’efficacité des dépenses publiques dans le but de minimiser les ressources (orientation input) a relativement baissé, depuis 2005. L’analyse des déterminants de l’efficacité des dépenses publiques montre une relation non linéaire entre les scores d’efficience output et le PIB par tête. L’urbanisation, la stabilité du gouvernement ainsi que la démocratie sont identifiées comme les principaux déterminants de l’efficacité des dépenses publiques.