Soutenance de Maïmouna Barro

Trois essais sur les défis de l'agriculture dans les pays en développement 

Maïmouna Barro
Cerdi, Université Clermont Auvergne

Composition du Jury 

Flore Gubert, Directrice de recherche, Université Paris Dauphine, Leda
Matthieu Clément, Professeur, Université de Bordeaux, BSE
Pascale Phélinas, Directrice de recherche, IRD, Université Clermont Auvergne
Karine Marazyan, Professeur, Université de Rouen, Normandie, Lasta
Sébastien Desbureaux, Chargé de recherche, CR-CPJ INRAE, Montpellier
Sébastien Marchand, Maître de conférences, CERDI, Université Clermont Auvergne
Martine Audibert, Directrice de recherche émérite, CERDI-CNRS, Université Clermont Auvergne  

Résumé   

L’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie des pays en développement où la majeure partie de la population réside en milieu rural et dépend de l’agriculture et des systèmes alimentaires pour leur subsistance. Cette population est par ailleurs confrontée à de nombreux défis tels que le changement climatique, la pauvreté, la dégradation de l’environnement ou l’insécurité alimentaire. L’objectif de la thèse est d’apporter un nouvel éclairage sur les enjeux liés à l’agriculture afin d’en déduire des recommandations de politiques économiques. La thèse comprend trois chapitres. Le chapitre 2 analyse les effets de l’irrigation sur les scores de diversité alimentaires des femmes et des ménages agricoles. L’étude se concentre sur les pays d’Afrique Sub-Saharienne (ASS), en particulier les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) où la part de la population souffrant d’insécurité alimentaire modérée à grave est très élevée. Notre stratégie d’identification est basée sur la méthode d’équilibrage de l’entropie développé par Hainmueller 2012. Les résultats obtenus montrent que les ménages ayant recours à l’irrigation présentent des scores de diversité alimentaire plus élevés que ceux n’ayant pas utilisé l’irrigation. De plus, les résultats révèlent également que les femmes au sein des ménages utilisant l’irrigation affichent des scores de diversité alimentaire plus élevés que ceux des femmes des ménages non-irrigants. Par ailleurs, ces conclusions mettent en évidence que l’autonomisation des femmes, l’augmentation du revenu agricole, de la production et l’accès à l’eau représentent les mécanismes potentiels par lesquels l’irrigation contribue à améliorer les scores de diversité alimentaire.

Le chapitre 3 se focalise sur la relation entre la prévalence du paludisme et le travail agricole dans un contexte d’irrigation et d’agriculture familiale en ASS. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact du paludisme sur le travail agricole (quantité et productivité) en mettant en lumière certains mécanismes sous-jacents expliquant la relation entre le paludisme et le travail dans l’agriculture familiale africaine. Plus précisément, nous nous sommes concentrée sur l’irrigation et la taille des ménages en tant que deux variables potentielles de modération de l’impact du paludisme sur le travail. D’une part, les résultats obtenus montrent que le paludisme a un impact négatif sur la quantité de travail. Cet effet est l’impact direct de la santé dû à la perte de journées de travail en raison de la maladie. Cependant, une fois que le paludisme interagit avec l’irrigation ou la taille du ménage, son effet s’avère insignifiant. D’autre part, les résultats révèlent que le paludisme augmente la productivité du travail. Nous expliquons ce résultat dans le contexte de l’inefficacité productive de l’agriculture familiale africaine. En ce qui concerne l’effet modérateur de l’irrigation, nous constatons un impact négatif de l’interaction du paludisme avec l’irrigation, bien que peu de résultats soient robustes. Dans l’ensemble, nos résultats mettent en évidence que le paludisme demeure une contrainte dans l’agriculture familiale en Afrique.

Le chapitre 4 se penche sur la question de l’industrialisation des zones rurales. Plus explicitement, il analyse l’impact de la pollution industrielle de l’eau sur la production de riz dans la province du Jiangsu, en Chine. Cette étude vise à démêler cette relation complexe en utilisant un modèle de fonction de production translog. Ce modèle nous permet de séparer les effets directs de la pollution industrielle de l’eau sur la riziculture de ses effets d’adaptation. Les résultats obtenus confirment que les rendements du riz sont négativement affectés par la pollution de l’eau industrielle, en raison d’un effet biologique direct. Cet effet préjudiciable est le plus significatif dans un rayon de 5 kilomètres du centre du comté. En réponse, les agriculteurs utilisent davantage d’intrants tels que les engrais et les pesticides pour atténuer l’impact négatif de la pollution de l’eau industrielle. Le changement dans les comportements de production aide les agriculteurs à mieux faire face au développement industriel et à s’adapter à l’évolution de l’environnement rural. Les résultats de ce chapitre permettent d’apporter un éclairage afin de mieux comprendre le lien entre le développement de l’industrie et l’agriculture au niveau local.

Mots-clés 

Irrigation ; diversité alimentaire ; travail agricole ; paludisme ; pollution d’eau industrielle ; Afrique Subsaharienne ; Chine.