Publié le 25 août 2025 Mis à jour le 25 août 2025

Une vie scientifique tournée vers les Suds, entre exigence, engagement de terrain et ouverture intellectuelle.

Un parcours professionnel international réussi

Toute l’équipe félicite Pascale Phélinas, directrice de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement, pour l’obtention de son éméritat. Une cinquantaine de collègues, anciens collègues et étudiant·e·s de Pascale Phélinas étaient présent·e·s le vendredi 20 juin 2025 au Pôle tertiaire pour célébrer son éméritat.

Pascale et le CERDI, c’est une longue histoire... Elle y fait ses premiers pas en recherche en entamant une thèse sur les politiques de prix agricoles, sous la direction de Patrick Guillaumont. Elle est recrutée en 1983 par l’IRD — encore ORSTOM à l’époque. Trois ans plus tard, elle obtient son doctorat en sciences économiques, marquant ainsi le début de son parcours scientifique.

Au fil des années, Pascale a occupé des responsabilités scientifiques importantes avec un engagement sans faille. De 2008 à 2013, elle a co-dirigé le laboratoire Développement et Sociétés, une unité mixte de recherche IRD–Université Panthéon-Sorbonne, qu’elle a su animer avec doigté et ouverture interdisciplinaire. Membre de longue date de l’Institut des Amériques, elle a également été chercheuse au CESSMA, centre de référence pour l’étude comparée des sociétés africaines, américaines et asiatiques. Très investie dans la diffusion des savoirs, elle a contribué activement à la revue Autrepart, coéditée par l’IRD et les Presses de Sciences Po, en tant que membre du comité de rédaction, et rédactrice en chef.

Des années sur le terrain avant un retour en Auvergne

Dès le début de sa carrière, Pascale a embrassé avec conviction la dimension internationale de l’IRD, fidèle à l’esprit de coopération scientifique qui l’anime. Son parcours est marqué par de nombreuses affectations et missions à l’étranger, véritables temps forts de sa trajectoire. Après des premières expériences en Inde et en Côte d’Ivoire, elle s’installe à Bamako (Mali) entre 1988 et 1990, puis à Bangkok (Thaïlande) de 1990 à 1995, avant de poursuivre son engagement scientifique sur le terrain à Lima (Pérou) de 2001 à 2004. À chaque étape, elle conjugue ancrage local et réflexion globale, contribuant à des travaux profondément connectés aux réalités des Suds. 

Après ce riche parcours à l’international, Pascale revient s’installer à Clermont-Ferrand, renouant avec le CERDI. Son retour marque un élargissement des axes de recherche du laboratoire, tant sur le plan géographique que thématique. Dans un centre longtemps centré sur les pays d’Afrique, elle ouvre des perspectives vers l’Amérique latine et l’Asie, en initiant et en pilotant de nombreux projets de recherche, co-construits avec des partenaires locaux. Grâce à elle, le CERDI s’enrichit de nouvelles approches comparatives, renforçant encore son ancrage international et sa diversité scientifique.

Une experte du développement économique des pays du Sud

Sur le plan thématique, Pascale a enrichi les travaux du CERDI par ses recherches sur l’agriculture dans les pays du Sud. Elle a contribué à valoriser l’usage des données microéconomiques, notamment celles issues d’enquêtes auprès des ménages, dans une unité jusque-là largement orientée vers les données macroéconomiques. Par cette approche fine et ancrée dans les réalités locales, elle a contribué à ouvrir de nouvelles perspectives d’analyse, plaçant les comportements des acteurs au cœur des dynamiques de développement. 

L’esprit pionnier de Pascale ne s’est jamais démenti. Il y a une dizaine d’années, elle a élargi le champ des recherches au CERDI en introduisant une thématique inédite : les effets économiques de l’exposition au risque volcanique. En collaboration étroite avec les chercheurs du Laboratoire Magmas et Volcans (UCA, CNRS, IRD), elle a posé les jalons d’un domaine encore émergent à l’époque, aujourd’hui devenu un axe structurant de la recherche locale. Ce thème est désormais au cœur de l’un des quatre centres internationaux de recherche du projet I-SITE CAP 20-25 de l’Université Clermont Auvergne. Fidèle à son engagement, Pascale continue d’y jouer un rôle actif, portée par un projet ambitieux mobilisant des données massives et innovantes pour mieux comprendre les conséquences économiques des catastrophes naturelles. 

Pascale a toujours été engagée dans la vie scientifique du CERDI, contribuant avec constance à la formation, à l’encadrement et à l’animation intellectuelle du laboratoire. Directrice de nombreuses thèses, elle continuera d’accompagner ses doctorants avec la même rigueur et bienveillance durant son éméritat. Présente avec assiduité aux séminaires de recherche, elle a également été très investie dans l’enseignement à l’École d’Économie, où elle a notamment codirigé un master, formant des générations d’étudiantes et d’étudiants à l’analyse empirique du développement et aux techniques d’enquête. Sa solide connaissance du terrain lui a permis de poser des questions de recherche pertinentes, ancrées dans les réalités vécues. Elle a su transmettre cette exigence intellectuelle et cette culture de l’enquête de terrain à ses étudiants, leur léguant une approche rigoureuse et engagée.

Pascale se distingue également par une ouverture disciplinaire stimulante. Curieuse des autres approches, elle s’est toujours intéressée à des champs connexes à l’économie, notamment à l’anthropologie, qu’elle mobilise comme levier de compréhension fine des contextes locaux. Cette curiosité intellectuelle, loin de se limiter à sa propre pratique, inspire ses collègues et étudiants, qu’elle encourage à sortir des cadres traditionnels, à croiser les regards et à penser autrement les questions de développement.

Une collègue chaleureuse et attentive aux autres

Au-delà de sa carrière et de ses contributions scientifiques, Pascale incarne une présence précieuse et bienveillante au sein de l’équipe. Derrière la chercheuse exigeante, il y a la collègue attentive, toujours disponible, et la co-auteure idéale pour ceux et celles qui ont eu la chance de collaborer avec elle : rigoureuse, constructive, généreuse dans l’échange. Pascale a toujours eu le souci des autres, une qualité sans doute nourrie par l’accueil chaleureux qu’elle a reçu dans chacun des pays où elle a vécu. De nombreux jeunes chercheurs et chercheuses se souviennent de leur arrivée en Auvergne avec gratitude, ayant pu compter sur son accompagnement attentif, sa capacité à créer du lien et à transmettre un esprit collectif, fait d’écoute et de confiance.

Merci, Pascale. Tu as tant donné à cette institution, à la recherche, et à chacun et chacune d’entre nous. Par ton engagement, ta curiosité, ta rigueur et ta bienveillance, tu as marqué durablement le CERDI et bien au-delà. Ce que tu as transmis, dans les idées comme dans les relations humaines, continuera de vivre longtemps encore.

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