Idrissa Aladji Aya, doctorant en sciences économiques, UCA-CERDI
Du Mali à la France,... en passant par l’Algérie et les États-Unis, découvrez le parcours d’excellence et inspirant d’Idrissa.
D'entrée de jeu
Je m'appelle Idrissa Aladji Aya, je suis en dernière année de doctorat en sciences économiques à l’Université Clermont Auvergne et au CERDI.
Je vous remercie pour l’occasion qui m’est donnée de parler de mon parcours dans le monde de la recherche scientifique comme économiste du développement.
Quel est votre parcours concernant les études supérieures ?
Alors comment tout a commencé ? Après l’obtention de mon Baccalauréat au Mali en 2016, j’ai entrepris mes études universitaires en sciences économiques à l'Université Abderrahmane Mira de Béjaïa en Algérie. Je suis sorti major de ma promotion de licence en économie quantitative. Durant la licence, j'ai eu l’opportunité de faire un stage à la Banque algérienne pour l'agriculture et le développement rural en tant qu'analyste de projets d'investissement.
Cette expérience m’a donné envie d'approfondir mes connaissances en économie, notamment la spécialité développement international. C'est pourquoi j'ai intégré l'École d'Économie de l’Université Clermont Auvergne en 2020 après avoir réussi le concours d'entrée en Magistère d'économie du développement. Un programme de formation exigeant qui permet d’obtenir un double master, en analyse économique du développement, et en analyse des projets et programmes de développement. Ce parcours a été facilité par l’obtention de la prestigieuse bourse d’excellence Eiffel.
Au cours de ce programme de master, j'ai enrichi mon expérience dans le domaine de la recherche académique en effectuant deux stages en tant qu'assistant de recherche, tout d'abord au LASAARE au Maroc pour lequel j’ai produit un rapport sur l’optimisation des finances publiques. Après, j’ai rejoint le LEREPS-IEP à Toulouse. J’étais chargé d’analyser les aspects socio-économiques de l'agroécologie en menant des enquêtes de terrain en France et au Bénin, au Togo et au Sénégal. Grâce à ces expériences, j'ai mis en pratique mes compétences en techniques quantitatives, en recherche et en gestion de projet, et surtout renforcé mes capacités d’adaptation sur le terrain, et aussi mes compétences interculturelles.
À la suite de mon master que j’ai réussi haut la main et de ces premières expériences dans la recherche, j’ai été sélectionné pour le contrat doctoral au CERDI. Je travaille sur les questions de sécurité et de développement sous la supervision de Vianney Dequiedt et Michaël Goujon (CERDI, Université Clermont Auvergne).
Est-ce que vous pouvez résumer le sujet de votre thèse ?
La fragilité et le développement restent des défis importants pour tous les pays. Toutefois, ces questions sont particulièrement préoccupantes pour les pays en développement qui sont fortement impactés par les conflits, l’instabilité politique, la vulnérabilité économique, et aussi, le changement climatique. La situation est de plus en plus alarmante et entrave les perspectives de développement socio-économique.
Je m’intéresse particulièrement aux conflits qui exacerbent les conditions de vie précaires et entraînent des coûts humanitaires, sociaux, économiques et environnementaux. Cependant, une bonne compréhension des déterminants et des mécanismes des conflits nous permettront de proposer des politiques économiques plus résilientes et durables pour ces pays en situation de fragilité.
Pourquoi avoir choisi de réaliser votre doctorat dans cette université ?
Passionné par l’économie, je souhaite contribuer à la réflexion sur le développement international à travers mes recherches. C’est pour cela que j’ai choisi le CERDI, un centre de recherche clermontois, qui rayonne à l'international par la qualité de la recherche académique, et l’expertise de ses chercheur·e·s qui est reconnue aussi bien par les institutions que les universités.
Pour moi, c'était le meilleur centre de recherche pour développer mon expertise en bénéficiant d’un très bon réseau dans le monde du développement. Le laboratoire m’offre des opportunités de collaboration que je n'aurais pas eu dans un autre centre de recherche, et un financement de mes recherches via le Pôle clermontois de développement international. Par ailleurs, le CERDI nous prépare bien aux carrières d'économistes dans les institutions internationales.
Quelle est l’ambiance de travail au sein du laboratoire de recherche ?
Il existe une réelle synergie avec les doctorants avec qui j’échange des idées, on se soutient dans les moments plus difficiles. La vie du laboratoire est dynamique, avec de nombreux séminaires qui sont stimulants, qui nous poussent à innover dans nos recherches. On est soutenu par les chercheurs.ses, mais aussi par les collègues doctorant·e·s et tout le personnel de l’administration. Au-delà de la recherche, nous avons une équipe de com, Chantal et Marie, qui rend accessibles nos résultats au grand public à travers différentes plateformes, site internet, réseaux sociaux…
Le doctorat, c’est l’occasion de multiplier les collaborations...
Le doctorat me donne aussi la possibilité de faire mes premiers pas dans le monde académique. Tout d’abord, dans l’enseignement universitaire puisque j’assure des cours de macroéconomie, d'économétrie, d'inférence statistique et de mathématiques à l’Université Clermont Auvergne.
C’est aussi l’occasion de multiplier les stages pratiques dans les institutions internationales. J’ai été sélectionné pour un internship comme macroéconomiste pour le Groupe de la Banque africaine de développement en 2023. J’étais affecté à la Direction de l'Économie, Pays du bureau régional en Afrique Centrale. J’ai découvert le fonctionnement du département au côté de l’économiste en chef. J’ai aussi contribué à la comptabilisation des ressources naturelles ou capital naturel dans la réévaluation du PIB en Afrique et à la rédaction du rapport du 60e anniversaire du groupe.
À l’été 2024, j’ai été sélectionné parmi de nombreux candidat·e·s pour effectuer un stage de recherche au FMI. J’étais en concurrence avec des doctorants des plus grandes universités mondiales. J’ai travaillé sur le projet « Fragilité politique : l’impact économique des coups d’État ». Je suis très heureux d’avoir eu cette opportunité, c’est l’occasion idéale pour appliquer ses connaissances théoriques et compétences en économie aux côtés des experts.
En ce moment, je suis en stage au bureau du conseiller spécial pour l’Afrique des Nations Unies. J'effectue des analyses économétriques et des analyses de données pour explorer les questions macroéconomiques africaines et contribuer à des informations pertinentes pour les politiques. Je découvre la communication et la data diplomacy…
La thèse, c’est aussi l’occasion d’échanger avec d’autres économistes lors des conférences internationales ou des séminaires organisés par la Banque africaine de développement (BAD) ou le FMI. J’ai aussi participé à des workshops ou séminaires de haut niveau comme le Workshop Crises and Resilience in Developing Countries de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et l’International PhD Meeting in Economics de l’Université de Macédoine, une rencontre internationale et annuelle des doctorants en économie.
Une chanson à nous proposer ?
Tinariwen (+IO:I) - Nànnuflày. Tinariwen, c'est un groupe de musique touareg, composé de musiciens nomades du Sahara. Leur musique est un mélange unique de rock, de blues et de musique traditionnelle touareg. "Nànnuflày" est une chanson de Tinariwen, extraite de leur album "Amadjar", sorti en 2019. Le titre signifie "Ce qui m'est arrivé" en tamasheq, la langue des Touaregs. La chanson évoque des expériences de vie universelles…
Quelle est votre devise ?
Je suis flexible, j’ai une grande capacité d’adaptation. Ce qui me rappelle le célèbre livre d’Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel, l'enfant Peul, “Ne regrette rien, il faudra toujours continuer à apprendre et à te perfectionner, et ce n'est pas à l'école que tu pourras le faire. L'école donne des diplômes, mais c'est dans la vie qu'on se forme.” " Il faut que l'ignorance meure pour que naisse le savoir ". Kaïdara
Quel est votre plus grand rêve ?
Je dirais en une seule phrase “un monde en paix, sans conflits, sans violence”. Cela rejoint mon travail. En gros, il faut promouvoir la justice sociale, réduire la pauvreté extrême, promouvoir le développement durable et revoir les bases des organisations de maintien de paix et de prévention contre toute forme d’insécurité.
Concernant ma vie professionnelle, j’aimerais poursuivre une carrière dans les institutions internationales, je m’y prépare déjà…
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