Publié le 12 mai 2025 Mis à jour le 14 mai 2025

Parcours d’anciens du Cerdi. Entretien avec Brou Emmanuel Aka, Professeur d’économie à l’Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire

Quel est votre poste actuel ?

Je suis actuellement Professeur titulaire d’économie monétaire et financière à l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB), Abidjan, Côte d’Ivoire. Je suis directeur des programmes de masters recherche en économie et en gestion. Je suis aussi membre de l’équipe dirigeante de l’École doctorale des Sciences économiques, juridiques, politiques et de gestion de l’UFHB ; mon rôle consiste à identifier des rapporteurs pour instruire les thèses de doctorat et organiser les soutenances. Par ailleurs, je fais partie du Comité Scientifique de l’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest africaine (AMF-UMOA) et du Comité technique spécialisé en sciences économiques et gestion au Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), un organisme qui coordonne les politiques de l'enseignement supérieur de dix-neuf États africains. 

Je viens d’être nommé, pour le compte de la Côte d’Ivoire, membre intuiti personae du Comité de politique monétaire de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sur proposition de monsieur Jean-Claude Kassi Brou, son gouverneur. 

Pourquoi avoir fait votre doctorat au CERDI ?

J’avais entendu parler des formations de l’Université Clermont Auvergne, notamment, de son excellent programme, le Magistère de développement économique et du centre de recherche, le CERDI lorsque j’étais étudiant à l’Université de Cocody-Abidjan (actuelle UFHB). Après la maîtrise en sciences économiques (master 1), j’avais obtenu une bourse d’études du gouvernement ivoirien pour poursuivre mes études à l’Université Toulouse I (actuelle Université Toulouse Capitole) où j'ai obtenu mon diplôme d’études approfondies en économie de l’environnement, des ressources naturelles, de l’énergie et de l’agriculture (aujourd'hui, master recherche).

Étant donné que j’avais une passion pour la macroéconomie et l’économie monétaire depuis mes premières années de fac, j’avais demandé et obtenu une inscription en thèse au CERDI, tout en conservant ma bourse d’études. Ma thèse de doctorat, soutenue en novembre 2005, portait sur le rôle des marchés de capitaux dans la croissance et le développement économiques. Le Professeur Jean-Marin Serre avait supervisé mes recherches, c’était un expert de la macro-finance, de la politique monétaire et de la gestion et des risques macro-financiers.

Quelle est la place du CERDI aujourd'hui ?

Le CERDI est un grand centre de recherche et d’excellence en économie. Déjà, quand j'étais en doctorat, le laboratoire était réputé pour la recherche et son expertise en économie du développement. Il jouit toujours d’une réputation incontestable auprès des institutions internationales (Banque mondiale, FMI, PNUD, UNICEF, etc.) et institutions régionales en Afrique (Banque africaine de développement, Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, etc.). 

Grâce à cette excellente réputation, les diplômés travaillent partout dans le monde, et surtout dans les institutions internationales et régionales en Afrique. Beaucoup d’africains formés au CERDI sont employés par ces institutions, sans oublier ceux qui travaillent dans l’administration publique de leurs pays respectifs. Il faut donc féliciter les enseignants-chercheurs pour la qualité de la formation, pour le souci du travail bien fait, et pour leur passion pour la recherche qu’ils transmettent aux étudiants.

Des souvenirs à partager

J’ai gardé de bons souvenirs du CERDI et de Clermont-Ferrand, où j’ai passé six ans. C’est à Clermont que j’ai commencé à enseigner l’économie, à l’Institut universitaire de technologie (IUT) et à l’Institut université professionnalisé (IUP), sis au Pôle tertiaire - la Rotonde. J’y ai enseigné pendant deux ans. Je me rappelle des séminaires de recherche où les doctorants présentaient leurs travaux devant leurs condisciples et les professeurs pour recevoir des critiques et des suggestions. J’ai toujours en mémoire les séminaires et les formations animés par des professeurs ou des économistes qui venaient de l’Université d’Oxford, de l’Université du Québec à Montréal, du FMI, de la Banque Mondiale, etc.

Je me rappelle aussi des soirées étudiantes où certains professeurs venaient se déhancher avec nous. J’appréciais aussi la fête de la galette des Rois. À cette occasion, nous avions l’opportunité de prendre un pot avec le personnel administratif et les professeurs, j'ai d'ailleurs une pensée toute particulière pour les professeurs Patrick et Sylviane Guillaumont. J’ai gardé contact avec deux de mes promotionnaires qui sont désormais enseignants-chercheurs à l’UCA, Samuel Guérineau, aujourd'hui Doyen de l’École d’Économie, et Michael Goujon, Directeur adjoint du CERDI. Depuis mon départ de Clermont-Ferrand, j’ai eu l’occasion de retourner au CERDI deux fois : la première fois, c’était dans le cadre d’un séjour de recherche, et la seconde fois, c’était en début d'année pour participer à la soutenance de thèse de Nibontenin Yeo que j’ai codirigée avec Michaël Goujon. À cette occasion, j'ai rencontré les étudiants de master avec qui j'ai eu le plaisir d'échanger sur de nombreux sujets.