INTERVIEW : Jean-Baptiste Le Hen « Lorsqu’on pense recrutement francophone, on pense CERDI. »

Publié le 24 mars 2022 Mis à jour le 4 septembre 2023
Date(s)

le 25 mars 2022

Parcours d’anciens du Cerdi. Entretien avec Jean-Baptiste Le Hen, Fonds monétaire international (FMI) Représentation européenne, à Bruxelles, Belgique

INTERVIEW : Jean-Baptiste Le Hen « Lorsqu’on pense recrutement francophone, on pense CERDI. »

Au moment de l'interview, Jean-Baptiste Le Hen était en poste à la Représentation européenne du FMI, à Bruxelles, Belgique.

Quel poste occupez-vous actuellement ?

Aujourd’hui je travaille à Bruxelles, je suis l’unique détaché du FMI à l’UE pour coordonner les politiques de développement et de coopération. Ma mission prendra fin à Bruxelles l’an prochain. Ensuite je rentrerai à Washington, puisque je suis Senior Economist au FMI, depuis bientôt 15 ans.

Est-ce que vous faites partie de l’association CERDI Alumni ?

Oui, l’association des Alumni est intéressante. Il me semble que d’autres associations d’anciens étudiants ont vu le jour, sans succès. Celle-ci semble plus solide. Son intérêt serait de faire fonctionner le réseau, en particulier pour les masters et les cadres formés au CERDI dans le cadre de la formation en Gestion de la politique économique (GPE) et pour les autres étudiants. Le CERDI remplit une mission importante via la formation GPE, C’est une mission confiée par la Banque mondiale, et au final; cela aboutit à un gros réseau. Pour les anciens, comme moi, l’association Alumni permet de savoir qui occupe quel poste, dans quelle zone géographique et dans quelle institution ? Cela facilite les relations de travail par la suite, pas nécessairement en favorisant la cooptation mais plutôt parce que lorsque des Cerdiens se retrouvent dans la vie professionnelle, cela permet de briser la glace et de savoir qu‘on aura une base commune. Avec un socle commun, on gagne beaucoup en temps et en niveau de confiance.

Qu’est-ce qui vous a amené au CERDI ?

J’ai passé 8 ans au CERDI, en plusieurs épisodes, comme étudiant, et comme professeur. Je suis arrivé au CERDI après Cachan, Je cherchais un DEA, notamment sur le développement de l’Afrique. J’ai d’ailleurs moi-même grandi en Afrique. Après le DEA, je suis resté au CERDI comme doctorant. C’est le meilleur endroit pour un doctorat en développement. Disons que le M2 était une année test que je me suis vraiment bien plu, je suis resté.

A votre avis, quelle place occupe le CERDI à l’international ?


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Il occupe la 9e place devant Harvard, à égalité avec Genève. Tant au FMI qu’à la Banque mondiale, lorsqu’on pense recrutement francophone, on pense CERDI. C’est légitime. La formation est très rigoureuse, exigeante. Il y a beaucoup de maths, d’économétrie, et le nombre d’étudiants en thèse fait sa force. Comme il y a beaucoup de doctorants, cela crée un effet de masse. Le CERDI s’en tire bien parce que c’est une bonne école, avec une solide réputation. Elle est très valorisée dans l’Afrique francophone, et les meilleurs étudiants viennent se former ici. Ce sont de très bons éléments qui font ensuite de brillantes carrières.

Avez-vous une anecdote particulière à propos du CERDI ?

Pendant 4 ans j’ai été représentant résident du FMI au Burkina Faso.

Je rencontrai régulièrement un haut fonctionnaire local avec lequel nous échangions dans le cadre de nos fonctions. Au bout d’un an nous nous sommes rendu compte que nous avions tous les deux suivi nos études au CERDI. La relation est devenue immédiatement beaucoup moins formelle. Nous partagions les mêmes souvenirs de vie étudiante, les mêmes impressions de Clermont-Ferrand, des endroits où se retrouver, tout ça au cœur de l’Afrique.

Quel conseil donneriez-vous à un étudiant ?

Beaucoup d’étudiant imaginent qu’ils vont faire de l’humanitaire, travailler dans des ONG. Certains sont déçus en arrivant, faire des maths, des statistiques, ça peut sembler très ardu et on ne voit pas toujours le lien avec le développement. Il existe et il ne faut pas être rebuté par ces matières. L’enjeu pourrait être de mieux expliquer en quoi ces matières, et ce point de vue, est important pour le développement. C’est un passage nécessaire. Ça structure et c’est une base indispensable pour travailler, un passage obligé théorique qui ne doit pas être une douche froide pour les étudiants. Au niveau académique, le CERDI est un pôle d’excellence. En recherche ils sont très bons. Il s’opère aujourd’hui un changement générationnel, mais la fibre commune, c’est l’état d’esprit du CERDI et c’est agréable.