INTERVIEW : Albert G. Zeufack, Banque mondiale

Publié le 14 avril 2022 Mis à jour le 15 avril 2022
Date(s)

le 15 avril 2022

Parcours d’anciens du Cerdi. Entretien avec Albert G. Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique

INTERVIEW : Albert G. Zeufack, Banque mondiale

Quel est votre travail à la Banque mondiale ?

Je suis l’économiste en chef de la région Afrique à la Banque mondiale à Washington DC. Je suis en charge de la stratégie de développement de deux régions : l’Afrique centrale et de l’Ouest, et l’Afrique de l’Est et australe. Je gère la stratégie de développement pour ces huit pays d’Afrique subsaharienne. Je mets en place la stratégie de recherche et d’étude qui sous-tendent les opérations de la Banque mondiale sur le continent africain. Je travaille aussi comme conseiller des vice-présidents de ces régions en matière de politique économique. L’autre aspect de mon travail c’est aussi créer des liens directement avec les instituts de recherche, les universités, partout sur le continent.

Comment êtes-vous arrivé au CERDI ?

Le CERDI, je l’ai découvert à travers les écrits des professeurs Guillaumont, Patrick et Sylviane, lorsque j’étais étudiant en maîtrise à l’université de Yaoundé au Cameroun lorsque j’ai lu leur ouvrage « Zone franc et développement africain ». Plus tard, je leur ai écrit, pour donner des commentaires sur l’ouvrage et proposer de travailler avec eux dans le cadre d’une thèse. C’est ainsi qu’ils m’ont parlé du CERDI. Ils m’ont demandé de passer le concours pour le magistère de développement économique. Je l’ai fait et j’ai rejoint le magistère et Clermont-Ferrand, en octobre 1990.

Après le magistère, j’ai soutenu une thèse au CERDI, en 1996, sur les déterminants de l’investissement privé, avec des applications en économétrie des données de panels. Mon thème de recherche était beaucoup plus basé sur les fondements microéconomiques de la macroéconomie.

Quelle est la place du CERDI dans l’expertise mondiale ?

A la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI), le CERDI jouit d’une très très bonne réputation. C’est de façon constante, l’école dont le maximum de candidats réussissent le concours des « jeunes professionnels de la Banque mondiale ». Dans le programme des jeunes boursiers africains lancé par mon bureau, le CERDI est très bien représenté. Sa réputation est excellente car le centre prépare de jeunes économistes du développement grâce à un très bon contenu quantitatif et analytique. C’est une réputation qui perdure depuis des années et ce serait bien de voir cela continuer.

La sélection à l’entrée joue déjà pour beaucoup. Pour ce qui est du recrutement des étudiants africains, le CERDI recrute souvent les meilleurs dans les facultés de sciences économiques et de mathématiques en Afrique. Cette très bonne sélection à l’entrée bien sûr ce n’est pas tout. Le contenu des enseignements, en économie quantitative, en développement, en économie du développement mais aussi en langue. Je crois que la majorité des étudiants finissent quasiment bilingues. C’était déjà le cas lorsque j’étudiais au magistère, la moitié des cours était en anglais et ça positionne les étudiants du CERDI de façon très favorable sur le marché.

Le CERDI demeure un centre d’excellence pour ce qui est de la formation des jeunes économistes intéressés par les questions de développement. Je serai heureux de soutenir le CERDI pour que cette bonne réputation perdure !

Souvenirs ?

J’ai beaucoup de souvenirs liés à cette époque. Il faut dire que j’ai passé sept ans à Clermont-Ferrand. Pendant ces années j’ai été étudiant puis j’ai enseigné à la Faculté des Sciences économiques avant d’entrer à la Banque Mondiale.

J’ai accumulé beaucoup de souvenirs mais les plus vivaces sont ceux d’une communauté au CERDI animée, à l’époque, par les professeurs Guillaumont qui étaient très très attachés à l’économie du développement mais aussi à la culture. J’ai le souvenir de ces soirées du CERDI où le professeur Guillaumont s’essayait parfois à la chanson. Il avait fait composer par un étudiant, une chanson sur le développement qu’il aimait bien chanter ! Il y avait de nombreuses soirées où les étudiants et enseignants se retrouvaient autour de thèmes. On était assez relax comme on dit, j’en garde de très très bons souvenirs. Je suis revenu deux fois au CERDI pour des séminaires et je participe régulièrement au jury de thèses. J’y étais d’ailleurs il y a moins d’un mois !