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Soutenance de thèse de Muhammad Adil

Publié le 10 septembre 2021 Mis à jour le 10 septembre 2021
Date
Le 17 septembre 2021 De 13:30 à 16:00
Lieu(x)
Soutenance par visio-conférence partielle

Essais sur l'économie politique de la décentralisation

Composition du jury

Directeur de thèse
Grégoire Rota-Graziosi, Professeur, Université Clermont Auvergne

Co-encadrant :
Florent Bresson, Maître de conférences, Université Clermont Auvergne

Rapporteurs :
Sonia Paty, Professeure, Université Lyon II
Thierry Madies, Professeur, Université de Fribourg

Résumé de la thèse

Cette thèse se compose de trois chapitres, qui abordent différentes questions sur l'économie politique de la décentralisation. Dans le premier article (chapitre 1), j'étudie comment le Pakistan a entrepris des réformes de décentralisation à différentes époques et si ces réformes ont permis d’améliorer la prestation globale des services sociaux et économiques du pays. Je fourni les résultats d'une approche par les intrants (dépenses sectorielles par habitant) et par les sortants (résultats sectoriels). Je tire parti de l'utilisation des dépenses sectorielles avec les réformes de décentralisation. Les preuves montrent que les réformes ont eu un effet positif à court terme en augmentant la prestation de certains services mais ont échoué à long terme. Les résultats mettent en évidence certaines lacunes dans la conception des politiques.

En outre, le manque de volonté politique et les lacunes dans la distribution des ressources sont d'autres raisons spécifiques pour lesquelles les réformes n'ont pas produit les résultats escomptés. Les réformes ont été un facteur discriminant pour les gouvernements militaires afin de légitimer leur prise de pouvoir illégale. Elles ont également été un acte des gouvernements civils pour apaiser les tensions régionales (parmi et entre les provinces et le gouvernement central) sur la distribution des ressources. J'en déduis que les réformes de décentralisation seront plausiblement couronnées de succès si elles favorisent la croissance et le développement économique régional en donnant plus d'autorité aux gouvernements provinciaux en matière de taxation et de génération de revenus. En outre, le manque de capacité des gouvernements régionaux en matière de gestion politique et financière est un point critique à améliorer. Si elles sont conçues de manière appropriée et mises en oeuvre équitablement, les réformes politiques peuvent améliorer la capacité des gouvernements régionaux à contribuer davantage à la croissance économique nationale. Les gouvernements locaux doivent être considérés comme des auxiliaires des niveaux supérieurs et non comme des concurrents. Ce changement de paradigme dans la relation entre les niveaux supérieurs et inférieurs du gouvernement ajoutera certainement aux bénéfices potentiels des réformes de décentralisation au Pakistan.

Le deuxième article (chapitre 2) fournit des preuves de la décentralisation et de ses effets sur les inégalités régionales en Asie. Le document s'attache à prédire comment les indicateurs de décentralisation politique et fiscale se complètent pour affecter les disparités régionales. Comme source d'identification, j'utilise une série d'indicateurs de décentralisation fiscale et politique. Pour les inégalités de revenu régionales, j'identifie le coefficient de variation du PIB régional par habitant comme une variable de résultat. Pour étoffer les résultats de l'analyse, j'utilise également l'indice de Gini de la Banque mondiale. Je profite de l'occasion pour tester la relation dans une configuration individuelle puis combinée avec les indicateurs de décentralisation. Les preuves montrent que la décentralisation fiscale a nui à la situation, amenant une hausse des disparités régionales. Les indicateurs de décentralisation politique ont eu des effets mitigés à cet égard. L'analyse déduit que le manque d'autonomie fiscale dans plusieurs pays asiatiques entrave la manière dont les gouvernements infranationaux fournissent les services demandés par la population locale ; ce qui les empêche par ailleurs de réduire les inégalités. L'autorité sur le front politique est également limitée dans de nombreux pays, ce qui n'affecte que partiellement les inégalités régionales. Les politiques, entreprises par chaque pays, visent à donner plus de pouvoir aux gouvernements infranationaux sur les plans politique et fiscal. Ces réformes n'ont pas entièrement réussi à réduire les disparités régionales de revenus dans ces pays.

Le troisième article (chapitre 3) adopte une perspective historique et étudie l'histoire économique coloniale du Pendjab indien britannique. La prestation de services décentralisés dans les districts du Pendjab colonial en fonction de la capacité de l'État (capacité financière) est un point important de ce chapitre. Les districts coloniaux étaient limités par la disponibilité des capacités économique et institutionnelle ; le gouvernement colonial a fait moins d'efforts pour améliorer le bien-être de la population. J'utilise les revenus par acre de terre pour mesurer la capacité de l'État et analyser comment la disponibilité financière par le biais de la fiscalité agricole a affecté les services de santé et d'éducation. Je m'appuie sur les données des années de recensement pour l'analyse. Guidée par les résultats des modèles linéaires, je constate que la capacité de l'État a des effets positifs sur les résultats en matière de santé et d'éducation. Une hausse du taux d'alphabétisation et la réduction des taux de mortalité étaient quelque peu observables au cours des premières années de l'étude. Toutefois, ces effets ont diminué au fil du temps. En plus de la capacité financière de l'État, j'inclus le développement des infrastructures comme vecteur d'influence secondaire dans l'analyse.

Le projet de chemin de fer de l'Inde britannique a été l'un des projets de réseau ferroviaire les plus importants de l'histoire. Le développement des infrastructures liées au transport a joué un rôle de catalyseur modifiant la dynamique de l'extension agricole. Ces effets ont été particulièrement marqués au Pendjab. La production agricole a été motivée par la disponibilité du transport ferroviaire pour le commerce. La volatilité des prix a été réduite et les districts touchés par la famine ont reçu rapidement des céréales pour atténuer les effets négatifs. Cela a amélioré la santé et le bien-être économique de la population. La demande d'éducation et de services de santé a également augmenté. L'infrastructure ferroviaire a eu une influence sur les résultats en matière de santé et d'éducation. Néanmoins, les effets se sont atténués avec le temps, et l'impact de ce vaste développement d'infrastructures a eu une influence moindre sur l'augmentation des taux d'alphabétisation et la réduction des taux de mortalité dans les districts du Pendjab.

Mots-clés

Décentralisation politique et fiscale, prestation de services, alphabétisation, mortalité, santé, éducation, capacité de l'État, chemins de fer, inégalité régionale, indice de Gini, impôt agricole, politiques coloniales, Pendjab, Pakistan, Asie.

theses.fr/s189420