Pauline Castaing, doctorante en économie agricole / économie de l'environnement

Publié le 19 juin 2020 Mis à jour le 26 juin 2020
Date(s)

le 19 juin 2020

PHDDOCTALK. Pauline étudie comment les agriculteurs du Sahel s'adaptent au changement climatique.

Quel est le sujet de ta thèse et comment peux-tu nous la résumer ?

Dans ma thèse, j’essaie d’abord de comprendre quelles sont les barrières à l’adaptation au changement climatique des ménages agro-pastoraux d’Afrique subsaharienne. Je m’intéresse également à la pertinence et à la portée des projets locaux qui leur permettent de faire tomber ces barrières afin d’être plus résilients. Je suis encadrée par Catherine Araujo-Bonjean et Antoine Leblois (INRAE, Centre d'Économie de l'Environnement de Montpellier (CEE-M)).

Ma thèse est financée dans le cadre d'un projet pluridisciplinaire Données, Drone, Risques, Agriculture, Numérique (DDRAUN) porté par l'UMR Territoires, Vetagro Sup et la MSH de Clermont. Ce projet cherche à mettre en relief les différences de gestion du risque agricole qui prévalent dans des régions du monde très distinctes. En parallèle, un autre doctorant étudie la gestion du risque lié à la prolifération des campagnols en Auvergne. Cela nous permet également de noter certaines similarités entre deux groupes d’agriculteurs et deux types de risque que l'on pourrait croire très éloignés en raison du contexte très différent.

Dans mon premier chapitre de thèse, je m’intéresse à l’organisation des coopératives de coton au Burkina Faso et à leur capacité à rendre les agriculteurs plus résilients face au changement climatique. Cet chapitre souligne notamment la difficulté des systèmes collectifs de gestion du risque climatique dès lors que les sécheresses ou les inondations touchent souvent tous les membres d’une même communauté.



Dans mon deuxième chapitre justement, je m’intéresse à un nouvel outil de gestion du risque qui s’est développé tout récemment pour aider les agriculteurs à pallier les conséquences du changement climatique: les assurances indicielles. Avec Jules Gazeaud, post-doctorant au centre de recherche Nova Africa (Universidade de Lisboa), on réalise une méta-analyse pour mieux comprendre l’hétérogénéité de l’impact de ces programmes sur les comportements des agriculteurs dans les pays en développement.

Enfin, j’entame une recherche sur la Grande Muraille Verte (GMV), une initiative panafricaine pour lutter contre la désertification en zone sahélienne. Ce projet de reforestation, d'envergure exceptionnelle, espère notamment atténuer l’insécurité alimentaire des ménages vivant dans cette région. Le troisième chapitre de ma thèse tâche d’évaluer la capacité de la GMV à remplir son rôle de filet de sécurité et améliorer la santé et la nutrition des enfants au Nigéria. Avec Antoine Leblois, qui co-encadre ma thèse, nous avons également répondu à un appel d’offre du Labex DRIIHM et obtenu un financement pour poursuivre ce projet de recherche au Sénégal, pays leader dans la mise en œuvre du projet.
 

Pourquoi avoir choisi de réaliser ton doctorat au CERDI ?

Après quelques années à Paris où j'ai obtenu un master à la Paris School of Economics (PSE) puis à AgroParisTech, je me suis enfin décidée à me lancer dans un doctorat. J’espérais quitter la capitale pour des horizons plus verts, donc quand Catherine Araujo a fait circuler l’offre de thèse au CERDI, sur un sujet qui me passionnait, j’ai tout simplement foncé! Je connaissais déjà Clermont-Ferrand pour sa douce qualité de vie et ses fromages, et depuis je l’ai découverte de plein d’autres façons qui rendent la ville si attachante.
 

A l'étranger, quelle mission t'a le plus marquée ?

Je suis partie au Burkina Faso en 2e année de thèse. J'ai passé un mois à Ouagadougou pour avancer sur mon premier chapitre de thèse portant sur les coopératives agricoles dans le secteur du coton. L’équipe du Laboratoire d'Analyse Quantitative Appliquée au Développement du Sahel (LAQAD-S), basée à l’Université de Ouaga II, m'a accueillie avec grand enthousiasme. Alors que j'étais un peu "enfermée" dans mes données, ce séjour a été l’occasion d’enrichir le projet grâce à l’expérience et à la connaissance du terrain des chercheurs locaux.



Avant de partir, on m’avait prévenue : “Ouagadougou est une ville singulière en Afrique de l’Ouest, elle marque les esprits”. A cette époque, je n’avais jamais mis les pieds dans cette région du monde, du coup j’étais ravie que ça soit ma porte d’entrée. En partie grâce à Laurène Petitfour, une ancienne doctorante du Cerdi installée là-bas, j’ai pu vivre un condensé de choses incroyables en un mois seulement ! Aujourd’hui encore, quand je vais en bicyclette à la fac, j’essaie de me souvenir de ce qu’était ce même trajet quand j’allais travailler à Ouaga II en vélo : les odeurs de mouton grillé sur le bord de la route, les teintes ocres, le bruit des klaxons dans mon dos... Ça pimpe le trajet jusqu’au Cerdi !

Dans ma playlist, Victor Démé, Djon Maya.

theses.fr/s189444