Isaac Amedanou, doctorant spécialiste des finances publiques

Publié le 19 octobre 2020 Mis à jour le 20 octobre 2020
Date(s)

le 19 octobre 2020

PHDOCTALK. Isaac est en 3e année de thèse sous la direction de Bertrand Laporte et Samuel Guérineau.

Quel est le sujet de ta thèse ?

Mobilisation fiscale, dette et financement : avantages et contraintes de l’appartenance à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Autrement dit, j’étudie les stratégies de financement de l’économie de ces huit pays. Actuellement, leurs politiques en faveur de l’emploi et de lutte contre la pauvreté reposent sur des plans quinquennaux de développement à objectifs multiples, impliquant à la fois des acteurs publics et privés. C’est le secteur privé – national et international – qui assure la plus grande partie du financement. D’autant que les objectifs des plans nationaux ou régionaux de développement nécessitent d’importantes ressources financières.

En réalité, la plupart des Etats de l’UEMOA sont déjà surendettés et ont dépassé le seuil d’endettement communautaire. Les mécanismes traditionnels de financement de l’économie sont devenus inopérants. Ils sont marqués par une politique monétaire rigoureuse, avec une cible d’inflation de 2%, et d’énormes difficultés à mobiliser des recettes fiscales dans un contexte où le secteur informel prédomine - en moyenne 50% du PIB. En plus, l’administration fiscale manque de moyens - matériels, humains et financiers - pour assurer sa mission de collecte des impôts et lutter contre la fraude fiscale.

Face à ce constat, j’analyse les mécanismes innovants de financement qui peuvent justement permettre à ces pays de financer leur croissance économique, tout en maintenant leur dette à un niveau soutenable. Dans ce contexte, il m’apparaît vrai que la meilleure stratégie consisterait à développer les Partenariats public-privé (PPP) tout en mobilisant des ressources additionnelles – fiscales et non fiscales.

Où en es-tu dans ton parcours ?

Je suis en train de finaliser l’écriture de mes articles. Mes recherches ont donné lieu à cinq articles.

Dans mon premier article, je m’interroge sur l’existence d’une marge de manœuvre budgétaire pour les États de l’UEMOA. Je réponds par l’affirmative à cette interrogation en démontrant que les recettes fiscales mobilisées par les États sont toujours en deçà de leurs potentiels.  

Dans mon deuxième papier, dans lequel je questionne les causes de la faible mobilisation des recettes fiscales, j’alerte sur la nécessité de renforcer la démocratie dans ces pays, et d’améliorer la qualité des institutions. Dans un autre article, je m’intéresse à la TVA, l’impôt qui contribue à plus d’un tiers aux recettes fiscales des pays membres. Je montre par une analyse basée sur les écarts de TVA que seule la moitié des recettes potentielles de TVA est collectée chaque année au sein de l’Union. La TVA constitue alors un potentiel de recettes à exploiter. J’attire à cet effet l’attention des décideurs sur la nécessité de revoir les politiques d’exonération, et surtout de respecter les directives de l’UEMOA sur cet impôt sur la consommation.

Je travaille actuellement sur l’importance de la mise en place des Partenariats public-privé (PPP) comme mécanisme de financement des économies. C'est l’objet de mon quatrième article.

Enfin, dans mon dernier papier, je pense proposer une stratégie d’endettement permettant aux Etats membres de l’UEMOA de rendre leur dette soutenable.

Isaac est passionné par l'économie et l'enseignement, c'est pour cela qu'il a très tôt choisi d'étudier l'économie et de donner des cours en parallèle
Isaac est passionné par l'économie et l'enseignement, c'est pour cela qu'il a très tôt choisi d'étudier l'économie et de donner des cours en parallèle - Isaac est passionné par l'économie et l'enseignement, c'est pour cela qu'il a très tôt choisi d'étudier l'économie et de donner des cours en parallèle

Quel est ton parcours dans l’enseignement supérieur ?

J’ai débuté mon parcours universitaire en licence à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FaSEG) de l’Université de Lomé où j’ai acquis les fondamentaux de l’économie et les méthodes quantitatives.

Ensuite, j’ai intégré le master finances publiques de l’École d’Économie, Université Clermont Auvergne (UCA), où j’ai approfondi les questions relatives à l’ensemble des aspects de la politique des finances publiques dans les pays en développement en lien avec la mobilisation des recettes fiscales : les dépenses fiscales, l’endettement, les pratiques d’optimisation fiscale, etc.

Je savais déjà que je poursuivrais en thèse.

Pourquoi avoir choisi de faire un doctorat ?

Premièrement, pour suivre la tradition familiale… En plus, j’ai eu l’occasion d’enseigner au lycée et à l’université tout au long de mon parcours universitaire. Cette année, j’assure de nombreuses heures d’enseignement puisque je suis Attaché temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) à l’École d’Économie (UCA).

J’ai développé une passion pour la transmission des connaissances et espère devenir enseignant-chercheur ou chercheur. Cependant, je ne ferme pas pour autant la porte à d’autres expériences, notamment dans les institutions internationales dans mon domaine d’expertise, les finances publiques.

Dans ta playlist ?

J’ai choisi une chanson de la diva togolaise Bella Bellow, dont le titre est Blewu. Blewu qui veut dire doucement, mais aussi la tempérance, la douceur, la patience. Je pense qu’il y a un enseignement précieux qui sort de cette chanson, c’est ce qui me touche. D’ailleurs, c’est cette chanson qui a été interprétée par la chanteuse béninoise Angélique Kidjo lors de la commémoration du centenaire de la Première Guerre Mondiale.

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