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Anneliese Krautkraemer, doctorante en économie de l’environnement

Publié le 19 mars 2020 Mis à jour le 5 juin 2020
Panorama aérien de l'Ill entre Fegersheim et Eschau près de Strasbourg - Grand Est, France © Leonid Andronov
Panorama aérien de l'Ill entre Fegersheim et Eschau près de Strasbourg - Grand Est, France © Leonid Andronov
Date(s)

le 20 mars 2020

PHDDOCTALK. Anneliese Krautkraemer évalue l'efficacité des paiements pour services environnementaux

Quel est le sujet de ta thèse et comment peux-tu la résumer ?

Le sujet de ma thèse porte sur l’efficacité économique et environnementale des paiements pour services environnementaux (PSE).  L’idée est d’inciter les agents à la préservation de l’environnement. Plus précisément, il s‘agit de rémunérer les activités qui favorisent la protection de la biodiversité et qui conduisent à réduire les dommages environnementaux. 

Les acteurs peuvent être privés ou publics et les PSE toucher différents secteurs. Celui de l’agriculture est très concerné par ces PSE. La Politique agricole commune (PAC), par le biais de contrats agro-environnementaux, incite les agriculteurs à convertir leurs terres exploitées selon une agriculture conventionnelle en agriculture biologique. En France, la société Perrier-Vittel a développé une politique de protection des ressources en eau en ayant recours à des PSE avec les agriculteurs voisins. Plus récemment, la ville de Paris a présenté un projet pour améliorer la qualité de l’eau. Il s’agira de subventionner les agriculteurs aux alentours pour qu’ils réduisent leur usage de pesticides et d’engrais.
 
La mise en œuvre de ces PSE n’est pas sans poser problème. Tout d’abord, nous pouvons évoquer la question de l’additionnalité. Il s’agit de rémunérer seulement les pratiques qui n’auraient pas lieu sans PSE. Ensuite, les agents peuvent surestimer les PSE nécessaires à l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement. D’un point de vue théorique, ces deux problèmes découlent de l’information asymétrique entre les agents récepteurs et financeurs des PSE.
 
Concernant mon travail de thèse, j’ai passé les premiers mois à lire des articles afin de rédiger une revue de la littérature sur le sujet. J’ai ensuite commencé à développer un modèle dont l’objectif est d’analyser en quoi la prise en compte de l’hypothèse de concurrence imparfaite modifie la définition optimale des PSE. Contrairement au autres doctorants du laboratoire, je commence ma thèse par un article théorique en microéconomie et non empirique.  De façon générale, il s’agit d’analyser les outils économiques qui favorisent la biodiversité en France ou dans une région française, car je bénéficie d’un financement de la région Auvergne Rhône Alpes. Toutefois, je me demande, à chaque fois, si ces conclusions peuvent tenir dans les pays en développement.
 

Quel est ton parcours dans l’enseignement supérieur ?

J’ai obtenu un bachelor avec une double spécialisation français et économie de l’environnement à la Western Washington University (États-Unis). Ensuite, je suis venue en France comme assistante d’anglais en banlieue parisienne en 2015. J’ai enseigné l’anglais à des collégiens durant 7 mois ; c’était intéressant mais aussi difficile.

Après, je me suis inscrite en master 2  Environmental and Natural Resources Economics (ERN Toulouse). J’aime beaucoup vivre en France et, par ailleurs, je voulais utiliser mes compétences en langue. Et puis, on a plus de vacances ici qu’aux États-Unis, et ça, c’est plutôt bien ! Pendant mon master, j’ai fait un stage au sein du bureau de conseil et de recherche ACTeon (Colmar). Ma mission consistait à réaliser une analyse coût-bénéfice des mesures de rétablissement dans le bassin Danube.

Je n’étais pas certaine de poursuivre en thèse mais j’ai répondu à l’appel à candidatures pour une bourse de thèse de l’Université Clermont Auvergne sur un sujet qui m’intéresse beaucoup. En effet, l’écologie est un sujet important pour l’avenir de nos sociétés, d’où l’intérêt de travailler pour trouver des solutions. J’ai été sélectionnée par mes directrices de thèse Pascale Combes Motel et Sonia Schwartz. Mon aventure en thèse a démarré ainsi.

Envisages-tu d’enseigner en plus d’être chercheuse ?

Oui, j’aime beaucoup l’enseignement. J’ai vécu des expériences dans des contextes différents : au collège, dans une association et aujourd’hui à l’université. J’ai enseigné le français, les mathématiques et maintenant je suis chargée de TD en licence. J’éprouve une grande satisfaction quand je ressens que j’ai aidé un élève et j’apprécie les échanges avec les étudiants.
 

Quel est le meilleur conseil que tu pourrais donner ?

Clermont-Ferrand, vue depuis le parc Montjuzet © iveta kulhava
Clermont-Ferrand, vue depuis le parc Montjuzet © iveta kulhava - Clermont-Ferrand, vue depuis le parc Montjuzet © iveta kulhava - iveta kulhava | 123RF


C’est en anglais « zoom out », c’est-à-dire savoir prendre de la perspective. En master ou en thèse, on a tendance à ne penser qu’à son travail. Il est alors nécessaire d’avoir des activités en dehors de la thèse, d’avoir des amis qui ne sont pas économistes, et de parler d’autres sujets.

Juste avoir un peu de perspective. Oui, je consacre beaucoup de temps à la thèse et parfois je peux en être obnubilée. J’aime faire des randonnées car quand je monte en altitude et que je vois le monde de haut, les problèmes me paraissent petits, comme depuis la butte de Montjuzet. En gros, « zoom out », c’est savoir que les problèmes nous paraissent plus ou moins surmontables selon d’où on les regarde. Il faut savoir prendre de la distance.

Pour la playlist des doctorants, quelle musique as-tu choisi d’ajouter ?

J’écoute plus de podcasts que de « white noise » quand c’est bruyant au bureau. Si j’écoute de la musique en lisant des articles, j’ai envie de chanter donc j’évite ! Je préfère la musique électronique sans parole, c’est pour cela que j’ai choisi Sunset Lover par Petit Biscuit.
 
J’écoute également des podcasts sur l’actualité aux États-Unis, et sous la présidence de Donald Trump, il se passe beaucoup de choses… Pour me détendre, je regarde des podcasts des émissions de téléréalité - Bachelor et Bachelorettes - que je suis aux États-Unis.
 

http://www.theses.fr/s216087